Les voies du Seigneur sont impénétrables : le point de vue de Théomène.

[Théomène]

Ce soir devait clôturer la fin d'un cycle de négociations épineuses. Dieu dans son infinie mansuétude avait indiqué à Son serviteur la voie à suivre pour mener Son œuvre a bien sur la Praxis de Soissons. Ses visées devaient permettre à un équilibre approximatif des forces en présence sur la Cité.

Maintenant Théomène doute.

Première nouvelle pour Théomène ce soir-là : il est seul en son Domaine. Pas un frère de Clan sur qui s'appuyer face à la horde de Brujah qui est présente. Non qu'il doute de la loyauté de ceux qu'il côtoie depuis quelques temps déjà, mais les prétentions de Léon de Poitiers ne laissent pas de l'inquiéter. Il a accueilli avec soulagement l'émissaire de Paris diligenté par son Clan.

Première anicroche : le Sire de Jean Claude Serret, à qui il accorde une audience privée, impose à Théomène des changements de Statut parmi ses officiers. Il a un nouveau maître des Harpies, une nouvelle Harpie. point positif : le maître des Harpies a l'air de connaître son affaire, et il fera régner l'ordre.

Deuxième anicroche : Le Clan Brujah remet à Théomène les deux infants d'Enguerrand détenus dans les geôles de Clothaire depuis quelques temps déjà. En Elyséum, sans prévenir ni se faire annoncer. Et les insinuations de Pâris quant à la mort de son Seigeur Clothaire lorsque Théomène était Sénéchal le mettent en rage. Il a failli à son Seigneur et ce blanc-bec arrogant ose insinuer qu'il n'a rien fait pour trouver les coupables, et que les deux ventrues font d'excellents boucs émissaires . Et l'absence du plénipotentiaire qui empêche toute résolution rapide de l'embrouillamini n'arrange pas l'inquiétude de Théomène.

Le Seigneur a dit : "Le Juste voit dans sa Foi l'expression de Ma Volonté. Accomplis ce qui te semble être juste, et Je guiderai ta main". Et quand Ken Rose a apporté ce qui semblait une occasion en or de se défaire des Danseurs de la Spirale Noire, Théomène a douté. Quand Louis est parti, suivi d'Alexandre et d'Aristote, il s'est senti conforté dans sa résolution : onc ne risquerait la vie de ses Semblable sur les allégations d'un prétendu allié tellement accommodant qu'il laissait au Prévôt le soin de mener l'attaque sur FMTS. Aussi a-t-il préféré ne pas y aller. Et le flou des explications de ces prétendus alliés n'a fait que lui montrer que cela était bon.

La tentative de faire subir à ces boules de poils corrompues le traitement qu'il nous réservait était hardie. Présomptueuse certainement dans sa mise en place et dans sa réalisation. Mais elle semblait être la chose à faire : elle nous débarrassait d'une épine gênante en réaffirmant à nos "alliés" lupins nos intentions sinon pacifiques au moins de maintien du statu quo entre nos peuples. Théomène a peut-être été trop prompt a se porter au-devant de ceux qui étaient en train d'affronter les lupins de Villers. Planter son épée au sol, un genou à terre, en signe d'inconditionnelle reddition quand les Danseurs de la Spirale Noire ont disparu était la seule chose à faire selon lui. Que Louis se porte au devant de lui afin de tenter de calmer l'Alpha furieux l'a empli d'espoir.

Ruiné par le coup de feu parti. Théomène a assisté impuissant au terrible dérapage qui a coûté tant à des Semblables que sous son autorité il avait entrainé dans ce guêpier. Un miracle est intervenu, laissant ses gens saufs. Le groupe de son Prévôt n'a pas eu autant de chance...

De l'Elyséum est parvenue une terrible nouvelle : Pâris a été enlevé, de même que les gens qu'il gardait.

Pour Théomène, mortifié et contrit, une course contre la montre s'engage. Il l'a signifié à Hyppolite : si l'Archonte veut sa tête, il l'aura une fois qu'il aura récupéré les gens enlevés.

[Théomène]

13 juin :

Rude soirée qui me permit à moi, Friedrich, de contempler avec consternation l'étendue de mes faiblesses.

Convoqués par les évêques en un lieu retiré, nous arrivâmes à une ferme dont les malheureux habitants, « grâce » aux bons soins de Godsend, faisaient office de décoration. Une fois sur les lieux, je n'ai pu que constater notre vulnérabilité et la faiblesse de notre nombre : outre les deux évêques et Godsend, peu d'entre nous étaient présents. Le Hibou, Ductus de sa meute, était accompagné de Lex,Sen était quant à elle accompagnée de Gnarock et de Louis. Aristote, absent, avait fait de moi sa Voix,et j'étais accompagné de Kahlan. M. D'Abremont nous a rejoints plus tard dans la soirée.

Les Ductus furent soumis à reddition de comptes devant les deux évêques, et durent faire état de l'avancement de leurs installations sur les lieux qui leur avaient été attribués.

Ensuite, ce qu'ils appelèrent les "jeux du Sabbat" commencèrent. La première épreuve consistait à sauter au-dessus d'un feu. Si risible l'action de sauter au-dessus aie elle pu paraître lorsque nous étions mortels, la vue de cet ennemi mortel des Semblables m'a rappelé que j'étais faillible. À ma grande honte, j'ai été de nous tous le premier à ne pouvoir affronter les flammes. Tous se sont élancés après moi et ont réussi. Ce n'est que lorsque ce feu prit les proportions d'un brasier que tous reculèrent.

La seconde épreuve était, quant à elle, une épreuve de Meute, censée exacerber l'unité et la confiance de cette dernière. Ainsi, chacune des meutes a dû former un binôme. Privé de la vue, l'un des deux devait, guidé uniquement par la voie de son binôme, aller au bout d'un parcours semé d'embûches où le moindre faux pas pouvait être létal. Grande Lumière ! Quiconque doit marcher dans les ténèbres sait combien une voix amie éclaire votre route ! Et même alors, on peut trébucher. Dans cette promesse d'enfer fuligineux, la voix de Kahlan résonna comme un chœur céleste, et c'est insoucieux que j'ai pu avancer par deux fois sur le chemin, sourd aux tumultes que les autres, comme c'était leur droit, déchaînaient sur mon passage.

C'est à ce moment que nous fûmes rejoints par M. d'Abremont.

L'épreuve suivante consistait en un duel de volonté : appariés, les participants devraient, chacun leur tour, se briser un os. Il faut croire que Louis m'est sur ce point largement supérieur. Mais de tous les plus impressionnants, ce furent Lex et Kahlan, qui, avant que ne se finisse leur face-à-face, trouvèrent le courage de se briser quatre os. Cette épreuve fut, à mon sens, la plus décisive en ce qui concerna le classement final.

La dernière épreuve, sans doute celle qui requérait le plus de cran, est rôle a consistait à affronter l'une des abominations que parfois peuvent créer les membres de l'honorable Clan Tzimisce : des Goules Vohzd, aberrations aux yeux de Dieu. Seigneur, que je eu les ressources pour mettre à bas cette abomination, ou tout au moins le cran de descendre dans ce qui m'apparut clairement, au moment ou j'échouai à avancer, comme l'un des cercles de l'enfer...

Que nul n'aie pu descendre affronter ces monstres n'a été d'aucun réconfort.

A l'issue de ces épreuves, chacun de nous s'est vu honorer par les Évêques d'un apprentissage personnalisé et rapide. Tant de connaissances en si peu de temps...

Voilà qui clôturait la soirée.

Une convocation ultérieure rendue nécessaire par la gravité d'une missive à chacun de nous délivrée, nous retrouva tous assemblés :

Les Danseurs, qui depuis quelques temps déjà détenaient deux des Infants d'Enguerrand, feu le Sire de Coucy, avaient décidé de mettre l'un de ces derniers aux enchères, ayant au préalable fait parvenir à chacun et, je suppose, à chaque faction caïnite représentée en ville, un aperçu des Influences sur la ville.

Et des enchères. Qui gagne récupère le Ventrue. Je sens mon sang bouillir quand j'y pense.

[Théomène]

C'est assez navrant de constater à quel point certaines considérations d'ordre moral peuvent devenir secondaires dès lors que votre non-vie n'est plus acquise comme pérenne... Ou que les mouvements d'autrui mettent en péril un équilibre qui assurait un statu quo m'évitant de craindre une mise à l'écart de la Meute de "Repentis" -à défaut de mieux- dont j'avais l'honneur de faire partie. Que ces mécréants d'ahuris se gargarisent d'être, contrairement à moi, de "vrais" Sabbats. Chramne a fait de moi le Sabbat que je suis, et sous son ordre je m'efforce d'être tel que je devrais. Mais qu'ils ne me servent pas leur soupe insipide de la bienheureuse fraternité coopérante, toute d'amour et d'entraide. Quoi que je doute qu'a présent ils me puissent encore traiter haut. Certes certains réflexes ont la vie dure, mais j'apprends.

Donc après avoir été pris de haut pendant l'informelle réunion qui a suivi la réception des informations de nos "amis" lupins, et accusé de vouloir obtenir pour mon confort personnel tous les avantages possibles de la rétention des Ventrues de Coucy par les lupins sus-cités, nos trois Meutes se sont séparées sans parvenir à un plan d'action global. Classique.
La nouvelle que Godsend me transmet, quelques minutes plus tard, ne laisse pas de me pétrifier. Sen et le Hibou souhaitent fusionner leurs Meutes. Si les décisions d'iceux ne m'étonnent guère, elles ne laissent pas de m'inquiéter. En l'absence de notre Ductus, nous sommes gravement diminués et avoir une Meute en face de la nôtre dont les effectifs seraient tellement supérieurs n'est pas bon pour l'accomplissement de nos objectifs.

Reçu froidement par les deux Ducti, M. D'Abremont, Kahlan et moi-même décidons de tenter tout de même de commencer à mettre en œuvre la déstabilisation des défenses de Coucy. N'ayant pas reçu les enseignements les plus sombres de notre nouvelle demeure, il ne reste qu'a convaincre quelques humains armés (Dieu bénisse les chasseurs) d'aller se perdre dans les rues de Coucy-le-Haut. Leur première ligne de défense étant constituée a priori de maîtres-chiens, les obliger à remplacer quelques-uns de ces admirables cabots peut toujours servir la cause. Et nous aurait permis éventuellement d'entr'aperçevoir un autre élément du dispositif défensif des Infants du Sire de Coucy. Plan brutalement mis à mal par l'irruption de véhicules qui nous poursuivent. Et nous conduisent avec un brio consommé vers une embuscade réalisée de main de maître.

Qu'il me soit permis en cette heure de louer la maestria de M. d'Abremont dont les compétences en conduite, et malgré l'état déplorable dans lequel les tirs répétés de nos assaillants ont laissé notre véhicule, nous ont permis de nous tirer sains et sauf d'un guêpier potentiellement mortifère.

La réunion des trois Meutes, en présence de Ferdinand et de Chramne, vise à débattre de la proposition du Hibou. Aucun des deux Evêques ne semble apprécier cette immixtion dans la menée de leurs stratégie à long terme. Mais Ferdinand laisse chacun s'exprimer -consultant même l'avis des membre de notre Meute alors qu'ils ne sont pas partie prenante- même si Chramne propose aux membres des deux Meutes velléitaires d'exposer leur point de vue de la manière forte. Ce que sans surprise ils déclinèrent. Mais les deux Evêques, malgré des réticences exprimées concernant l'unité de la Meute -vérifiées par un pugilat avant même que ne soit crée cette dernière- et l'opposition manifeste de Chramne, entérinèrent la refondation par le rituel idoine. Et repartirent vaquer à leurs occupations.

La seconde partie de la soirée fut consacrée, en ce qui nous concernait, à un brin d'investigations, tout d'abord à Crouy, où était censé se trouver le Ventru "bonus". Sans surprise, nous y trouvâmes du monde. De loin, nous pûmes constater la présence de Giovannis, visibles comme le nez au milieu de la figure. Plus discrets, des éléments Séthites. L'accrochage mineur qui les opposa fut interrompu par l'arrivée des forces camaristes. Que du beau linge pour sécuriser la place : Hyppolite, Archonte Malkavian, Ambroise, Ancien du Clan Tremere, et quelques nouveaux-nés parmi les plus létaux que je connaisse : Cendres, du Clan Nosfératu, Valric, Voix d'Ambroise, et Gabriel, du Clan Brujah. Nous fîmes promptement retraite. Et prévînmes la Meute du Sombre Eveil que des éléments isolés du Clan Giovanni étaient en route pour leur manoir des terres de Villers-Cotterêts. De là, les éléments qui les concernent sont encore un peu flous, mais il semblerait qu'ils se soient avancés de façon téméraire au sein de leur place forte, entraînant une cruelle déconvenue et la perte de Lex et d'Uriel.

Lorsque nous les revîmes, c'est pour assister, silencieux, à leur déconfiture, à l'annulation de leur Meute et à leir humiliation. Sen perdit la face. Littéralement. Le Hibou, défiguré, réduit à l'état de loque sanguinolente. Et les autres diversement torturés par un Ferdinand très remonté. Après cela, congé nous fut donné.

Telles sont les choses que moi, Friedrich Théomène Mäyer, par la grâce de Dieu et du Sabbat Ductus de la Meute de la Lune Pourpre, ci devant Templier de l'Evêque Ferdinand, ai pu voir et constater.

An de grâce MMIX de l'incarnation de Notre Seigneur.

Pour le repos de nos âmes, Amen.

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